Chapelle de gauche en entrant dans la basilique Saint-Pierre, un haut cadre polychrome de style Troubadour abrite les reliques – du latin reliquæ, ce qu’il reste - de Pierre de Luxembourg. D’une puissante famille seigneuriale du Barrois en Lorraine, lointainement apparentée aux princes de Luxembourg, Pierre fut nommé Évêque de Metz à 15 ans, cardinal-diacre à 17 en 1386, s’installe à Avignon – alors séjour des Papes - et meurt l’année d’après à 18 ans. Sa vie si austère, inhabituelle dans son milieu à cette époque, son inhumation en pleine terre au cimetière des pauvres, aujourd’hui Place des Corps-Saints – le pluriel ayant remplacé le singulier au cours du temps – suscite une exceptionnelle ferveur populaire qui incite le Roi de France et la Sorbonne a demander sa canonisation. Mais c’est le temps du Pape Clément VII, responsable du Grand Schisme… il faudra attendre 1527 pour sa béatification et sa canonisation en restera là : schisme oblige ! Le couvent des Célestins construit en son honneur sera saccagé à la Révolution et tout ce qu’il reste de lui – les reliquæ - sont dans ce cadre : son chapeau cardinalice à glands – j’en ai compté huit – son étole et sa dalmatique. La princière soie pourpre du pouvoir et des honneurs cardinalices, s’est éteinte au cours des siècles en un pauvre gris quasi capucin : l’austère Pierre de Luxembourg n’aurait pas renié cette illustration symbolique de l’Ecclésiaste : Vanitas vanitatum et omnia vanitas… tout passe en ce monde qui n’est que vanité.
François-Marie Legœuil, mars 2018