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Avignon, « L’Espame de la Vierge »

Église Saint-Didier, chapelle de droite, vous ne pouvez manquer l’extraordinaire groupe en marbre polychrome du Portement de Croix commandé par le Roi René d’Anjou à Avignon vers 1480 au sculpteur italien Francesco Laurana sous l’appellation « Vierge de l’Espame ». En fond, Jérusalem - palais dorés et bannière pourpre siglée SPQR, ressemble à s’y méprendre à la Rome d’alors déjà entrée dans la Renaissance.

À gauche, un groupe compact de soldats patibulaires aux trognes caricaturales, brutales et difformes presse et bouscule un Christ aux yeux douloureusement levés vers le Ciel. Sur son épaule, la diagonale de la Croix semble rayer, rejeter cette soldatesque tout en désignant le groupe des amis fidèles empreint de beauté, de douceur et de compassion d’où se détachent un tendre, blond et bouclé saint Jean adolescent, une Marie-Madeleine « en cheveux » et cinq autres « saintes femmes » qui encadrent une Vierge « de toutes les douleurs » effondrée sur ses genoux, les bras ouverts pleins d’impuissance, le visage éteint en pâmoison. Cet acmé de la douleur, que l’époque appelait le « Spasme de la Vierge », est encore célébré à la Basilique Notre Dame du Spasme à La Livinière dans l’Hérault. Encore un demi-siècle et le Concile de Trente préfèrera à l’effondrement du Spasme, une iconographie moins « abandonnée » jugée plus respectueuse de la « Mère de Dieu ».

François-Marie Legœuil, avril 2018

L’ensemble et les deux statues qui l’encadrent sont de la même époque. Notez que certains des personnages sortent carrément du cadre et se situent même en avant de lui. Nous sommes dans une salle de théâtre, où la scène est encadrée par les deux colonnes plates et cannelées, avec comme décor en arrière plan, la ville de Jérusalem : nous, les spectateurs, nous assistons à la représentation d’une scène de la Passion :

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