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Les Bienheureuses (saison 2) : Bollène, chapelle du Saint-Sacrement

Une austère façade percée de deux portes. Celle de droite vous mène directement à la chapelle. Prenez celle de gauche, vous traverserez le couvent. Sur son linteau cintré, ces mots à demi effacés vous donnent la mesure des lieux : «  Domus Dei, Porta coeli  ». C’est Jacob se réveillant du songe de l’échelle, qui dit «  Que ce lieu est redoutable ! C’est vraiment la maison de Dieu, la porte du ciel !  » (Gen. 28.17) Ou encore, Apocalypse (4.1) : « Je vis une porte qui était ouverte dans le Ciel…  » Quatre mots : tout un voyage de l’Ancien au Nouveau Testament…
Dans le parloir vouté aux étroites et mystérieuses portes austères, vous n’aurez aucun mal à imaginer la sœur tourière et son tintinnabulant trousseau de grosses clés. À la sortie, vous butez sur un empilement de deux hautes et aristocratiques fenêtres portant témoignage de l’acte de charité fondateur : c’est en 1720 que Louise de Roquard prend l’habit et donne son bel Hôtel et son parc pour créer ce couvent dédié à l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement et à l’éducation des jeunes filles pauvres. Une grande pierre de 1732 en témoigne : «  Loué soit le très St Sacrement de l’autel pour tout jamais Vive Jésus Marie et Ste Anne ».
Une voute cochère ouvre sur le vieux parc discipliné en un rigide jardin de bonnes sœurs. À gauche, la belle ordonnance de l’Hôtel devenue façade uniforme de couvent, un brin triste, adoucie par la majestueuse porte de cérémonie, témoin d’une splendeur évanouie, au blason martelé par les septembriseurs… En ces lieux, l’Histoire vous rattrape toujours !
Prenez à droite, la chapelle est là comme l’atteste sur le toit un magnifique Ostensoir de ferronnerie dorée. Poussez la porte au linteau également gravé d’un ostensoir entre deux anges agenouillés et vous voilà dans le chœur des sœurs. Vaste pièce, beau plafond à la française renforcé de deux colonnes doriques, un côté encore garni des stalles qui permettaient aux soeurs d’assister aux offices à travers la grille de bois donnant sur l’autel, échappant ainsi à la curiosité des paroissiens.
Un bénitier, un couloir et c’est la chapelle : plafond aux gypseries dorées, beau retable d’autel Grand Siècle, à gauche la grille du choeur de jour des soeurs remplacée par une baie vitrée, à l’étage, la petite grille intacte du choeur nocturne des soeurs, l’adoration du Saint Sacrement étant perpétuelle. Et surtout, sur l’autel, l’icône « écrite » dans les règles, en deux ans de jeunes et de prières, en l’honneur de l’ouverture du procès en canonisation des 32 sœurs de Bollène qui avaient préféré la guillotine à la dispersion ordonnée par la Convention en 1793.
Leur cause est soutenue par le restaurateur et l’animateur des lieux, l’infatigable Abbé Lelièvre. Prenez le temps de «  lire  » l’icône (voir ci-dessous). Son titre : Aurensenses Martyres (Martyres d’Orange). Encadrant le Christ en gloire, à droite la chapelle des Ursulines de Bollène, sa Supérieure et ses 15 sœurs par rang de quatre avec les 3 converses au voile blanc. À gauche, même disposition pour les Sacramentines avec notre chapelle reconnaissable à son ostensoir de ferronnerie, la supérieure et ses douze sœurs, plus les trois « bernardines » au premier rang à gauche. Elles portent déjà l’auréole d’or gagnée lors de leur béatification en 1925.
Vous sortirez en pensant à leur sacrifice librement consenti et en refermant derrière vous la porte de la chapelle, méditez le verset de l’Apocalypse (3. 20) : « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. »

François-Marie Legœuil 

Voici l’icone « écrite » pour la chapelle :

Entrée du couvent sur la rue :

Façade des anciens bâtiments conventuels, aujourd’hui occupés par le ???????

Sur l’ancien péron, le blason de la fondatrice : ?????

Le chœur des sœurs qui leur permettait d’assister aux offices à travers la grille donnant sur l’autel de la chapelle afin de ne pas être vues du public :

L’autel de la chapelle restauré récemment par l’Abbé Lelièvre

La tribune de la chapelle :

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