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Cheval Blanc : église Saint-Paul, chef d’œuvre de l’Abbé Roy

Si vos sentiments écologiques vous interdisent la voiture, vous pourrez y aller à dos de mule : les anneaux pour les attacher sont toujours scellés au mur du clocher. On les y attachait encore lorsque l’Abbé Roy mit en place en 1947 dans cette église Saint-Paul du XIXe, un décor complet, très « années Quarante », récemment rénové. Une belle nef blanche aux arceaux soulignés d’ocre où une petite chaire à l’escalier ajouré campagnard confère une note rétro désormais pittoresque :
nef
Tout converge vers le chœur d’un ocre rosé divisé en trois bandes horizontales :
nef
En bas, sur un entablement granité beige, deux larges piliers arrondis supportent l’épaisse dalle de l’autel, encadrant une peinture de Roy sur des tonalités fauves, une Vierge à l’Enfant entre deux anges :
autel
Au-dessus, derrière un beau bronze de Christ en croix, ébloui par la Lumière de Dieu, Saül le persécuteur vient de tomber de son cheval cabré, essayant de se retenir aux rênes. Il est en train de devenir Paul l’apôtre. Sur la voute, le Christ bénit cette conversion des deux doigts - symbolisant sa double nature - tenant de la main gauche l’Évangile frappé de l’Alpha et de l’Omega, le tout encadré par les quatre Évangélistes -lion, aigle, taureau et ange :
autel
Cette scène du Ravissement de Paul et du Christ Pantocrator, peints d’un simple trait ocre, remplissent tout l’espace des murs à la voute. On en a plein les yeux, tout est puissant, simple, clair et net : le Christianisme est en train de naître irrésistiblement sous nos yeux. Quand vous aurez fini d’admirer, promenez-vous lentement. Sur le côté gauche, une étroite tapisserie d’Aubusson sur les cartons de l’Abbé Roy, représente la Cène du jeudi Saint :
nef
Toujours cette palette fauviste de bruns et de rouges lourds, de jaunes et de verts un peu atténués… pas de riches vêtements, ni de bijoux de luxe comme chez Rembrandt, mais des bancs de ferme, des assiettes et des cruches en grès, et un très curieux saint Jean, maigre au crâne rasé que l’on croirait rescapé des camps… on est en 1947… Prenez votre temps. De belles statues, beaucoup de bannières vous attendent et vous montreront que la piété populaire est toujours là : bannière de la conversion de Paul peinte par une jeune fille de la paroisse, bannière de la Vierge de Fatima brodée par la communauté portugaise :
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Et enfin, tout près de la sortie, en humble témoignage de cette piété du cœur, au-dessus des fonts baptismaux, chaque petit baptisé a un bouquet à son nom avec de petites fleurs bleues pour les garçons et roses pour les filles… n’en dîtes rien aux activistes du « genre » :
nef

Oui, Saint-Paul de Cheval-Blanc porte témoignage que l’art moderne est vivant et capable de porter un message spirituel aussi bien que par le passé.

François-Marie Legœuil
janvier 2020

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