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L’Angélus, patrimoine immatériel ?

L’Unesco a retenu en France au titre du patrimoine immatériel de l’Humanité des évènements aussi différents que les métiers du parfum à Grasse, les Fest-Noz bretons, les fêtes du solstice d’été dans les Pyrénées, le repas gastronomique français ou les ostensions limousines. L’angélus n’y figure pas ! Et pourtant, après 9 siècles, trois fois par jour sa sonnerie rythme toujours la journée des campagnes françaises. C’est au XIIIe, que saint Antoine de Padoue recommande la récitation de trois Ave Maria chaque soir et que saint Bonaventure les rend obligatoire dans les couvents franciscains avec 3 fois 3 coups de cloche pour en donner le signal. 50 ans après, on étend cette coutume au matin. En 1456 le péril Turc s’accentue, le pape Calixte III prescrit une croisade de prière et recommande de réciter aussi l’Angélus à Midi. Louis XI étend à tout le Royaume la récitation matin midi et soir des 3 Ave, soulignés des 3 tintements de cloche répétés 3 fois suivis de la « pleine volée ». Angelus, premier mot en latin de la prière : « Angelus Domini, nuntiavit Mariae… l’Ange du Seigneur apporta l’Annonce à Marie / Et elle conçut du Saint-Esprit… » À Avignon intra-muros, les Angélus légèrement décalés des Doms, de Saint-Agricol, Saint-Pierre, Saint-Symphorien rythment gaiement la journée, Saint-Didier se distinguant à midi avec l’Ave Maria de Lourdes. Tendez l’oreille pour les clochettes grêles des franciscains rue d’Annanelle, du Carmel rue de l’Observance ou des franciscaines rue du Portail-Magnanen. Dans ma jeunesse, les 3 séries des 3 tintements réputés faciles étaient laissés aux jeunes enfants de choeur. Les plus âgés se disputaient la puissante « pleine volée » du « bourdon » entraînant le sonneur dans les hauteurs qui devait aussi maîtriser le decrescendo pour finir en douceur. Les sonneries continuent, leur sens s’estompe peu à peu, seul le tableau de Millet conserve encore ce mot d’Angelus pour les plus cultivés.

François-Marie Legœuil, mai 2020

Le pont d’Avignon et le petit clocher de sa chapelle Saint-Bénézet :

Avignon, la Basilique Saint-Pierre et son clocher :

Avignon, l’église Saint-Didier et son bourdon :

Avignon, le clocher de l’Abbaye royale des Célestins, veuf de ses cloches fondues à la Révolution :

Avignon, le charmant clocheton du cloître Benoit XII au Palais des Papes :

Avignon, noviciat des Jésuite, sa coupole et son clocheton baroque :

Et enfin pour terminer, le splendide clocher de Saint-Michel de Caderousse et ses six cloches :

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